Norvisage
Chers tous,
Deux semaines de jeux
olympiques d’hiver viennent de s’écouler, et voici le classement des pays aux
jeux de Sotchi par nombre de médailles.
La Norvègie, avec ses cinq
millions d’habitants, arrive fièrement deuxième (et notez bien au passage le nombre de médailles pour les petits gros de la Scandinavie, les Danois, mouarf), uniquement devancée par le
plus grand pays du monde. La flamme olympique a brûlé plus que jamais dans le
cœur des blonds et la conclusion de ces jeux est implacable : Madame
Norvège est une machine à produire des champions.
Voici donc une enquête Martine chez les blonds sur la culture
du ski en Norvège, l’amour passionnel des Norvégiens tant pour la neige que
pour l’effort sportif, et la mobilisation générale pour les JO, entre pluie de
médailles, débat sans fin sur le fartage des skis et engouement patriote maximum.
Pourquoi le ski de fond est-il aussi important dans la société
norvégienne ?
Les Norvégiens le
disent eux-mêmes en bombant le torse : ils sont nés avec des skis aux pieds.
Si ce n’est
sûrement qu’une métaphore (ou alors
**tain c’est un peu répugnant !), il est toutefois indéniable que le
ski est au cœur de l’identité norvégienne.
On se souvient que
les vikings en faisaient
et que c’était
quand même un moyen de locomotion vachement pratique il y a mille ans déjà.
A l’heure actuelle,
le ski de fond est une des pierres angulaires de la vie en Norvège : sa
pratique permet de profiter de paysages incroyables l’hiver.
Trop beau !
Mais aussi d’éduquer
les enfants au goût de l’effort dans la nature.
Le fils de notre voisin, 9 mois, dans sa troisième traversée de l’Antarctique
(j’ai même vu des classes
de collège faire du ski à roulettes au bord de la mer pendant les heures d’EPS
l’été).
Plus généralement c’est
un facteur d’intégration dans la société. Oser dire trop haut qu’on n’aime pas
trop le ski de fond n’est acceptable que dans les trois premiers mois où on
habite dans ce pays. Ensuite, il faut au moins essayer, et si vous continuez de
dire que vous aimez pas et qu’il va sacrément falloir songer à vous lâcher la
grappe avec ces putains d’histoires de ski, vous pouvez vous prendre des mandales
de vos collègues à la cantine, parce qu’avec un si beau pays et des si bons
skis, c’est un peu cracher dans la soupe quand même.
Véridique, la croix
rouge d’Oslo recrute des blonds bénévoles pour emmener les refugiés politiques accueillis
par le gouvernement faire du ski dans les bois autour d’Oslo, histoire
de les intégrer au mieux dans la société norvégienne.
Autre fait
marquant : il est courant de mettre sur son CV en Norvège les trophées qu’on
a décrochés aux courses de ski de fond les plus connues en Norvège et ailleurs.
On y gagne en crédit. Pas mal de dirigeants de grosses boites norvégiennes sont
aussi d’excellents fondeurs.
Vous l’avez
compris, on n’y coupe pas.
Le ski oui, mais l’hiver surtout !
Il y a en Norvège
un culte général des sports d’hiver. Une sorte de boulimie de neige, de glace et
de trucs qui glissent dessus.
Combinez des hivers
rudes et sans fin avec un peuple de forces de la nature. Ajoutez-y un culte du
sport et de l’affrontement des éléments et vous aurez compris. En Norvège, on
est sportif d’hiver, on en raffole même.
Mais c’est vrai que
quand on voit le rapport nombre de médailles/taille de la population pour la Norvège,
on en vient quand même un peu à se demander si on devrait pas se mettre au
steak d’élan au petit dej en France aussi.
On ne plaisante pas avec les choses sérieuses
Ainsi, il est aisé d’imaginer que les jeux olympiques d’hiver
sont en Norvège, mille fois plus importants que tous les autres événements
sportifs. Bon leur dites pas, mais d’accord c’est parce qu’il y a du ski, de la
neige et tout, mais c’est surtout parce qu’ils ne participent pas à grand-chose
d’autre. (Ok sous la menace de
Bjørn-Håkon je vous rappelle que les Norvégiens sont aussi très forts en
handball et en javelot. J’interromps la rédaction de cet épisode pour aller
copier 100 fois « Les norvégiens sont les plus forts »).
Aussi les relais 4x5km
dames et 4x10km messieurs sont-ils médiatisés comme une finale de coupe du
monde de football. La planète norvégienne entière retient son souffle devant ces épreuves.
Au travail aussi, tout s’arrête aussi pour faire place au sport. Rien n’est plus intéressant
que le ski de fond pendant les JO d’hiver en Norvège. L’engagement est sans
limite, des larmes, des cris et des hugs fraternels devant les écrans. N’importe quoi. Franchement, j’ai jamais entendu un seul collègue élever
la voix pendant trois ans, et vas-y que ça beuglait dans l’open space devant la
finale du biathlon parce qu’un Norvégien avait gagné.
L’investissement en
temps et en argent pour le fartage des skis est en outre absolument hallucinant,
des millions d’euros, des dizaines d’anciens champions qui testent un millier
de paires de skis à Sotchi pour la team Norway, des débats sans fin sur
pourquoi il fait trop chaud et les skis n’avancent pas, des interviews
d’experts en fartage qui passionnent les blonds et déchirent les médias, des
mecs virés pour avoir un peu merdouillé le fartage des skis pour une épreuve de
combiné nordique et des discussion sans fin aux coins des bars de Norvège et de
Svalbard sur la couleur de fartage qu’on aurait dû utiliser.
Même les curling
boys se font designer des pantalons par des couturiers. (encore plus n’importe
quoi !)
Remarquez que celui à droite est celui en photo dans un épisode précédent (le 34) qui nous a comparés à des Indiens qui n'avaient jamais vu de glace en nous voyant jouer au curling
Et Marie Bjørgen
avait une doudoune plaquée or.
RIEN n’est trop
bien pour les JO d’hiver. This is Norway.
Ton cœur battra pour ta partie norvégienne, petit Olav
Ceci n’est pas
nouveau, les blonds sont très patriotes. Ça veut dire concrètement qu’on a eu
le droit à nouvelle pluie de drapeaux dans l’euphorie de l’amour de la Norvège,
avec mention spéciale mauvais goût pour certains restaurateurs :
Les Norvégiens se félicitent
ainsi mutuellement des médailles d’or
décrochées par le pays. On pleure quand les (affreux méchants) Suédois gagnent,
on va au passage allègrement charrier la collègue française quand
Fourcade se fait piquer une nième médaille d’or
au biathlon par Svendsen.. Bref, Vive la
Norvège est le mot d’ordre des JO, d’ailleurs le roi a passé les deux
semaines sur place, et l’hymne national norvégien commence par « Ouiiiiiii nous aimons ce pays » (sans
blague??!!).
Star system
Dernier aspect
rigolo des JO d’hiver en Norvège : tous les champions (et il y en a une
flopée) sont des stars. Ils sont visibles dans tous les médias, ils sont interviewés
en prime time, et même les aspects croustillants de leur vie privée intéressent
et font vendre comme des petits pains les numéros de la presse people qui leur
sont consacrés.
Briques de lait ou magasines de mode, ils sont sportifs et ils sont beaux !
D’ailleurs, le beau
Martin Fourcade est une véritable star ici. On raconte qu’il viendrait s’installer
à Oslo après les JO (on l’attend !), mais il ne va pas trop comprendre ce
qui lui arrive quand il va débarquer, non pas seulement parce que tous les
blonds vont l’appeler Martine (ca se prononce comme ça dans le nord de l’Europe)
mais surtout parce qu’il est plus que jamais devenu une légende vivante en Norvège. Absolument tout le monde le connait.
Malgré tout, ces
champions ont beau avoir des skis aux pieds, et ben ils ont les skis sur terre.
Déjà , En Norvège, vous connaissez toujours quelqu’un qui connait quelqu’un qui est aux
JO, donc ça donne un côté « guy next
door » aux champions, mais en plus ils ont cette humilité scandinave
qu’ils font qu’ils trouvent superflu de se la péter.
Vous voulez une
preuve ? J’ai écrit un statut sur facebook pour féliciter Kjetil Jansrud
de sa médaille d’or au Super G car on a un ami en commun ; et ben regardez
ici qui a liké mon statut :
Bon la je vous l'écris calmement, mais sur le
coup, je n’en POUVAIS PLUS J
Le bécot à tous
Martine