lundi 6 février 2012

Episode 18

Oslo, 15 octobre 2011

Chers tous,

Ca fait un an que je suis là.
Et pour cet anniversaire, j'ai deux bonnes nouvelles.

C'est bien connu, on n'apprend pas au vieil ours blanc à faire la grimace, donc cette année, et c'est ma première bonne nouvelle, on ne me la fait plus, je me suis achetée une lampe de luminothérapie. Le principe est simple, vous vous mettez dans la matinée devant un écran lumineux qui vous bousille les yeux pendant 20 minutes par exemple, et après, on m'a dit que ça marche, on est de meilleure humeur pendant l'hiver.
Mouais, pour l instant, ça fait juste que je suis obligée de lire le Canard enchainé avec des lunettes de soleil tellement ce truc est puissant.
Mais bon, faut ce qu'il faut. Car je me souviens de mon arrivée ici,  pleine de surprises et de naïveté, de mon peu de considération ni pour la lumière, ni même d'ailleurs pour les températures ("ohlala c est bon ça fait quinze ans que je sors de chez moi avec les cheveux mouillés, ça va…"  pour les voir avec horreur se transformer en bâtons de glace, alors que je n'ai meme pas atteint l'arrêt de bus). Maintenant, je suis parée.

La deuxième bonne nouvelle, c'est que j'ai découvert avec force jubilation l'adaptation norvégienne de Fort Boyard, ou Fangene på fortet, ie "les prisonniers du fort" en français dans le texte.

Au début, tout commence pareil. On est content, il y a la même musique, et des mecs qui arrivent dans une annexe à moteur entre les grosses vagues de l'océan gris – bleu vers le fort. Haha ! Ca commence bien, qu'on se dit,  jusque là je comprends tout !

Mais ensuite, la caméra zoome sur les mecs dans le bateau, et ça y est, on commence à avoir envie de se marrer. Je sais même pas comment la petite annexe tient hors de l eau, si vous saviez le calibre des gros bestiaux venus de Norvège pour aller courir comme des lapins dans des escaliers en colimaçon au large de La Rochelle.
En regardant ça, je me revoyais, enfant, sur le vieux divan de la maison de vacances de mes grands parents. Ma grand-mère adorait commenter Fort Boyard par moultes onomatopées et commentaires rigolos avec l'accent breton "Suissi a des bras comme mes cuisses". Je me disais que si ma grand-mère avait vu ça, elle aurait été servie en matière à commenter, parce que je vous assure que c est un véritable régal.
Car, en 2011, en Vendée, nos copains vikings ne sont pas venus en drakkar pour brûler, piller et foutre la merde, mais en annexe pour se battre avec un coton-tige géant, en équilibre sur une poutre, avec une fille au physique avantageux en bikini panthère. Génial !

            Commence alors la présentation des équipes. Sur cette photo, vous pouvez voir que dans la version norvégienne, c'est 2 équipes qui s'affrontent, les noirs contre les blancs, keep it simple and stupid.



Mais, nous voilà rassurés, ils ont changé plusieurs choses à la vraie version (la française quoi !), mais pas les petits caleçons cyclistes noirs bien ridicules. Ouf, nos points de repères sont toujours là.
            Et puis, SURTOUT, ils ont gardé le staff du fort français, pur beurre.
Je saurais pas vous dire ce que ça fait de voir à la télé un gros mec chauve avec un air sacrément mal embouché taper sur un couvercle de casserole géant, et un nain au sourire niais compter des clefs qui font la taille de son bras, et d'hurler :
"Oh !!! C'est mon pays !!!"
Mais bon, ça arrive aux meilleurs.

            Anyway, passé la fabuleuse surprise de découvrir qu'on a donc gardé Passe-partout, Passe-temps, La boule et Félindra[1], on découvre dans des hurlements de rire ce qu'on a fait d'eux. Remarquez que chaque nain a son équipe, comme ca, pas de jaloux. Notez aussi qu'on les a déguisés en basques. Merci le badtaste.no sur les clichés sur la France. Félindra, quant à elle, s'appelle Monique dans la version norvégienne, son vrai prénom I guess, plus vendeur en Norvège qu'en France. (Entre les allemandes de mon âge qui s'appellent Janine et les Henriette en Norvège, je peux concevoir que l'Europe du Nord ne s'offusque pas du prénom Monique…) En tous cas, elle est tout belle, et parle de ses tigres dans un très bon anglais. Curieusement, ils interviewent Félindra plus volontiers que La Boule.  

            Les noirs et les blancs s'attaquent donc dans la foulée aux épreuves. Et, contrairement à toute attente, nos copains les norvégiens en chient un max.
Non seulement, ils donnent tout à chaque épreuve, morflent, et tentent encore. Ils ont l'énergie de se jeter du haut du fort pour aller attraper, suspendu par les pieds à un élastique, un indice de plus avec les dents. Il y a aussi le mec super baraque qui sort en larmes de son épreuve, après avoir rampé pendant trois longues minutes dans un tuyau rempli de rats. Bref, ils en prennent plein la poire
Mais en plus, les mecs ne s'encouragent pas du tout entre eux. (Qui a parlé de culture très très très individualiste ??). Au contraire, ils se foutent même bien de la gueule des uns des autres. En gros, les co-équipiers sont à l'extérieur, et commentent allègrement :
"Oh! Regarde notre tocard de pote ! Il est en train de sacrement paniquer sous l'eau, c'est énorme ! hahaah !" Vous pouvez ainsi voir sur cette vidéo Geir méchamment galérer avec un liquide immonde vert sur un tapis en mouvement. Au début, sa bande de copains blonds l'encourage, et petit à petit, ils commencent tous à bien se payer sa tête.
Au fil de ses épreuves, notre nain international compte les clefs. Pas besoin de savoir parler IKEA pour ça, après tout. Il capte rien, mais il est là, les mecs racontent tout et n'importe quoi en norvégien devant lui, et il continue de sourire bêtement.

            Enfin, épuisés, les pauvres machins arrivent à l'épreuve finale. Comme les boyards, ça impressionne pas trop les norvégiens (ndlr. Aux dernières nouvelles, l'état norvégien ne sait pas exactement chiffrer le patrimoine du fond souverain à 3 milliards de couronnes près, véridique…), on leur demande de se battre direct avec les tigres. Et la semaine d'après, on envoie des nouveaux norvégiens au fort !

Quand j'ai éteint, je me disais, que si tous les pays d'Europe se mettent à vouloir jouer à Fort Boyard, ils doivent avoir un sacré calendrier là-bas. Lundi, c'est les Danois, mardi les Tchèques, mercredi les Portugais ? Est-ce qu'on déguise les nains différemment à chaque fois ?
"Passe partout, excusez nous mais la maison de production hollandaise souhaite que vous soyez déguisés en Footix pour le tournage"
La boule doit avoir le cafard !

Le bécot à tous,

Martine


[1] Ils ont en revanche squeezé  le Père fourras ? Ou alors il est mort?

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