lundi 7 novembre 2011

Episode 6

Vendredi 14 Janvier 2011

Chers tous,

Tout d’abord, permettez-moi de vous souhaiter à tous une très bonne nouvelle année 2011. Ou Godt nytt år comme on dit ici. Enfin, c’est ce que j’ai compris le 3 janvier quand j’ai cru claironner ça à tous mes collègues, puis que je les ai vu tous se poiler parce que je leur avais dit en fait Godt nytt hår (Voyons, ça n’a rien à voir, faites un effort enfin), et que ça voulait dire bons nouveaux cheveux.
Mais il semble que je ne sois pas la seule à avoir des soucis de prononciation. Un de mes potes français a souhaité à ses collègues pendant un an tous les vendredis soir God elg au lieu de god helg, ce qui, au lieu de bon week-end, veut dire bon élan. Un de ses collègues malodorant, qui se trouve en plus avoir un gros nez et des petits yeux marron mesquins ne lui parle plus jamais, va comprendre.
Je me dis qu’en tant que francophones, cette foutue histoire de h aspiré nous poursuivra toujours. (cf le célèbre ARRY POTTEUR, ou encore, pour les copains germanophones, le classique ich heisse devenant ischeisseuh, ou encore le coup du Tortilla paella tapas te quiero Maria vamos a la playa en espagnol. Ah non, crap, ça marche pas en espagnol en fait). Nan parce que franchement, en français, on fait pas trop la différence entre : « hé blaireau, tu la bouges ta caisse ??! » et « éh blaireau, tu la bouges ta caisse ??! ».
Sont ensuite venues les conversations classiques du « t’as passé Noël où ? ».
J’avais envie de les terroriser en leur disant : « Je suis rentrée à Paris et je me suis faite sur-nourrir par ma famille de trucs, vous savez même pas que ça existe. Genre tu prends une oie tu lui ouvres le bec de force et tu lui fais avaler plein de saloperies histoire de lui bouffer le foie en revenant de la veillée de Noël. »
Pour les entendre me répondre, emballés : "C’est chouette ! Nous, depuis l’époque viking, on mange des têtes de mouton coupées en deux au petit déjeuner. Le mieux, c’est quand l’œil du mouton craque sous la dent. »
(Je vous jure que je vous pipeaute pas, voici une photo). Je me sentais pas trop bien après ça et en me disant qu’après tout, nos histoires de foie gras et de fromage bleu, c’était un peu des trucs de mauviette.
Petit dej d'un enfant norvégien de 6 mois
.
Du coup, les norvégiens ont définitivement une version idyllique de la France. Tu pourrais leur dire à peu prés n’importe quoi, ils adhèrent. (mais genre vraiment n’importe quoi, du genre que ta mère te shampouinait au rosé quand t’étais petit, et que se rouler dans les rillettes du Mans, ça donne les fesses roses). Le vin, la bouffe, les belles villes (Paris is so cheap ahaha!, alors ça, Paris, pour eux, c’est les prix de la Pologne pour nous), et surtout SURTOUT la côte d’Azur. Les tartines d’huile Monoï, le soleil, et de l’alcool buvable à moins de 50€ la bouteille, les scandinaves, ils achètent.
Ici, tout ce qui a un nom français est tout d’un coup beaucoup plus glamour. (Il n’y a donc pas que les allemands qui font ça ! ach so lekker, eine BAKETTEUH und ein KROISSANT). Par exemple, notre bière super premium ici, c’est la Kronenbourg, so french et donc so chic. (??). LA marque des sous-vêtements sexys s’appelle Pierre Robert. Imaginez donc une photo des pubs Aubade avec Pierre Robert à la place :
« Leçon numéro 14, Pierre Robert, laissez-le vous dévoiler son gros charme ». Forcément, ça fout le cafard. Comme un ingénieur qui tenterait d'enlever de façon sexy in t-shirt avec un truc dessus du genre Lim(Ln)=∏∑√∫≤≈1 LOL !!!
Autre fait marquant (mais un peu désolant), au sujet du rapport des norvégiens à la France, ils ont été ultra marqués par Hélène et les garçons, exporté jusqu’ici pendant plusieurs années. A l’impro, les copains m’ont chanté en cœur le générique, et quand certains norvégiens sont complétemenpaf, ils me surnomment Cricri d’amour. Merci AB1…
Bon sinon ici, en janvier, il fait encore et toujours un temps pas possible. Du fait de ces conditions climatiques passablement hostiles, on assiste à une multiplication de compétitions de sports plutôt peu communs.
Samedi par exemple, Bjørn-Håkon a participé à la coupe de Norvège d’aviron en salle. Quand j’ai eu fini de rigoler, j’ai bien dû me rendre à l’évidence que c’était possible.
Les mecs sont sur des machines de rameur en rangée dans un gymnase, à 13h30, duquel on voit de la neige et le coucher du soleil à travers le carreau. Au top, ils se mettent à ramer comme des dingues pendant que les copains/coachs/familles leur gueulent dessus en Ikea : DET ER KJEMPEBRA KOM IGJEN STOR DRIT*[1]
Pendant ce temps-là, on voit sur l’écran, qui montre la course virtuelle qui est en train d’avoir lieu, que le numéro 12, Tor Eirik est en train de dépasser le numéro 4, Øystein Knut suivi de près par le numéro 7, Leif Jostein Erlend. Les mecs en chient à max, vous n’avez juste pas idée. Pourtant, il faut bien dire qu’avec la sélection naturelle qu’il y a eu ici pendant un sacré bon paquet de générations, la plupart des participants sont des beaux bébés…
A la fin de la course, les types se laissent tomber des machines comme des vieux sacs, partent au vestiaire à quatre pattes, rampent jusqu’au podium pour les plus chanceux.
Ensuite, vient le relai. Là, ça devient carrément comique. Cette fois-ci, en plus du public, c’est tout le monde qui crie parce qu’ils se HURLENT dessus entre co-équipiers, un truc de débile mental, puis se filent le machin et se dégagent a grands coups de pompes dans les cotes tour à tour de la machine. Le soir, Bjørn-Håkon était lessivé et moi sourde, mais on avait bien rigolé.
En décembre on avait aussi vu le championnat de Norvège de patinage de vitesse. On était 17 dans le public (tous les licenciés + un groupe de quelques français + une veille qui avait besoin d’aller aux toilettes). Les mecs en bavaient aussi, enroulées de cellophane à patiner dans la neige comme des malades. (Mais au moins, on était sûrs que la glace tiendrait bien.)

Le bécot à tous,
Martine

[1] Réponse A. Quel est le prix du tapis bleu descente de lit 30x80 cm?
  Réponse B. Tu vas ramer espèce de sous-merde ??

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