lundi 21 novembre 2011

Episode 9

Mercredi 16 mars 2011

Chers tous,
Je retire ce que j ai dit.
Vraiment. J’ai ri, je me suis moquée du ski de fond, en long en large et en travers, c’est vrai.
Mais ma vie a basculé il y a deux semaines dans le stade de la coupe du monde de ski.
Franchement, c’était carrément incroyable.
Déjà qu'en temps normal, les Norvégiens ont leur drapeau partout (vêtements, produits alimentaires, arbre de Noël, gâteaux d’anniversaire, nan mais sans blague, vous imaginez ça en France ? Bon anniversaire Marine Lepen !), mais là, c’est sûr, j’en ai eu la preuve vivante, la Norvège est aussi le premier pays du monde en ce qui concerne le ratio : nombre de drapeaux/population. Mon estimation me fait arriver à 81 drapeaux (grande taille, hein) par personne.
Ensuite, c’est assez spécial de se dire qu’on va dans un stade de ski de fond. Mais ça existe. Bon, évidemment, le stade n’est pas complètement fermé, parce que les pauvres machins ils font trente km donc ils deviendraient dingues. En fait, on se trouve au début de la course qui fait une boucle (et donc on est aussi à l’arrivée puisque c’est une boucle, pour ceux qui ont fait une école d’ingénieur). Les mecs se lancent, disparaissent… et ils reviennent. Je me suis demandé si je regardais pas de la formule 1, c’était carrément délirant. Petter Northug (l’archi grande star de cette coupe, un norvégien de 25 ans beau musclé arrogant et stupide, sans surprise quoi) a mis le feu à la neige, je vous jure, y avait des étincelles qui dépassaient de ses skis quand il tournait.
Une fois les champions arrivés, ils se vautrent dans la poudreuse avec deux médecins autour (certaines vomissent même juste après la ligne, nan mais qu’est ce qu’on ferait pas pour se rendre intéressant, je vous jure), les autres suivent, y en a tout un troupeau.
Le dernier arrivé, c’était un tanzanien. Le gars black, tout sourire. Tranquillou pilou les petits virages et le chasse-neige. Il a eu une de ces ovations.
Mais après, on s’est aperçu qu’il y en avait en fait encore un qui arrivait, et lui, il était danois. Ils ont rien dit mais j’ai bien vu que ça faisait vachement plaisir à Bjørn-Håkon et à sa famille que le dernier soit danois. Parce que bon, quitte à pas pouvoir blairer les suédois, y a pas de raison d’être copains avec les danois non plus.
Bref, ovation et hymne national entonné en boucle pour le champion norvégien. Sa tête et celle des quelques autres superstars norvégiennes partout dans les medias pendant dix jours. Ici, si vous ne connaissez pas Petter et consorts, c’est comme si vous aviez jamais entendu parler de Johny en France ou encore vous ne situiez pas du tout le visage de Sarko. Sur-médiatisés, je vous dis. Et des foules plus en délire que pour des stars du rock.
Quand ils terminaient les courses chaque jour, ces fameux sportifs, ils reprenaient le métro au pied des pistes pour redescendre dans le centre ville (ça, c’est le charme d Oslo. Imaginez Tignes au bout de ligne 14 et vous avez tout compris) pour recevoir leurs médailles devant le château du roi.
Les gens étaient déchaînés, il n’y a aurait pas eu plus de monde si Michael Jackson avait fait un duo avec Madonna, U2 et les Beattles (oui je sais, c’est débile, c’est pas possible qu’il chante en duo avec tout ce monde là d’un coup, puisque pour faire un duo, il faut pas être mort). Ovation de quinze minutes donc, hymne national norvégien encore et encore, un truc de dingo.
Bon et puis en plus, ils sont bon esprit ces normands, du coup, ils applaudissent tout le monde. Il y a un français qui a décroché une splendide médaille d’or, Jason, au combiné nordique. Quand l’orchestre du roi de Norvégie a entonné la marseillaise, les norvégiens, ils applaudissaient. De toute façon, pendant les dix jours de cette coupe du monde, les norvégiens étaient complètement euphoriques et tout le temps contents. On pouvait leur dire n’importe quoi, ils se foutaient du reste, la Norvège remportait deux médailles d’or par jour (limite deux par compétition, même si bon, c’est un peu comme l’histoire du duo, techniquement c’est pas trop possible mais c’est l’idée).
Le point d’orgue, ça a été la course des cinquante km le dernier dimanche.
Il y avait 100 000 personnes au bord des pistes, dont 30 000 avaient passé la nuit dans des tentes au bord de la piste, pour être sûrs de voir une demi seconde leurs héros nationaux.
Ils sont fous ces norvégiens. Ils ont des tentes avec des trous en haut pour faire des feux de camps a l’intérieur de la tente, parce que forcément camper dans la nature c est charmant, mais par moins dix, ça l’est moins.
Depuis (si toutefois c’est possible), le ski de fond est encore plus dans le vent qu’avant en Norvège. Bjørn-Håkon, par exemple, fait des compets de ski, des compets, des compets. Il mange tout le temps, il dort beaucoup, et je dois picoler toute seule. Dur de vivre avec un champion.
Au supermarché, je pense que j’ai le même panier que la mère de famille de 40-50 ans avec 4 garçons entre 10 et 18 ans à la maison. Tous les jours, j’achète 3 pizzas XXL, des lasagnes et parfois quand Bjørn-Håkon a encore faim, je fais une tartiflette.
Mais bon, je préfère encore qu’il aime ça plutôt que le biathlon. C’est plus sympa de le voir farter ces skis dans le salon, le soir, en m'expliquant avec force technique « tu vois la neige, demain elle sera tombée depuis approximativement 37 heures, donc il faut utiliser cette couleur de fartage pour optimiser la trajectoire dans les pentes », plutôt que de cirer sa carabine en me demandant « on peut faire un test? Tu vas mettre cette pomme sur ta tête et fermer les yeux »…

Le bécot à tous,
Martine


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